La forêt landaise

 

La loi du 19 juin 1857, également appelée loi relative à l'assainissement et à la mise en culture des Landes de Gascogne[1], marque un tournant dans l'histoire des Landes de Gascogne. Elle vise à assainir les vastes landes humides présentes sur la majeure partie du territoire et à les mettre en exploitation. Elle marque le début de l'extension de la forêt des Landes, conduisant à la généralisation du procédé de gemmage dans la région, mais aussi à la fin du système agro-pastoral traditionnel et à la disparition du berger landais.

 

 

 

La loi de juin 1857 est un tournant majeur au sein d'un long processus visant à valoriser les Landes de Gascogne. Contrairement aux idées reçues, la forêt des Landes est millénaire et d'origine naturelle. Certaines zones du littoral gascon étaient déjà boisées il y a deux mille ans et occupaient près de 200 000 ha. Cependant le reste du plateau landais était constitué de terres incultes et marécageuses en hiver. L'idée de semer des pins est déjà ancienne quand en 1857 cette loi est venue imposer aux communes des départements de la Gironde et des Landes de boiser leurs terres. Sur la côte, le pin maritime était déjà utilisé pour fixer les dunes.

 

Dans l'intérieur des terres, il était nécessaire d'assainir les terrains mal drainés où le paludisme sévissait toujours. Diverses expérimentations ont eu lieu pour tenter de valoriser le territoire et trouver une alternative au système agropastoral, en vain. Seul le pin maritime s'adapte parfaitement au sol landais et cette espèce autochtone a déjà colonisé naturellement certaines parties du littoral.

 

 

 

On trouve des traces écrites d'ensemencement de pins maritimes dès le XVe siècle, le premier document qui en fait état étant les Coutumes de Dax. Les premières expériences visant à fixer les dunes de sable mobiles par des ensemencement de pins maritimes sont menées par le Captal de Buch Jean-Baptiste de Ruat en 1713. Mais un berger y mit criminellement le feu en 1733.

 

La consultation de la « carte de Belleyme », dont les relevés débutent dès les années 1760 à l'initiative de l'intendant Charles Boutin, permet de relativiser l'idée répandue que les Landes étaient un « désert » avant le XIXe siècle : de nombreuses exploitations agricoles landaises (les « quartiers ») possèdent un bois de pins à disposition. Les vallées de l'Estrigon et de la Leyre, le Marensin ainsi que le Pays de Born et le Pays de Buch sont déjà en bonne partie boisés de pins. En 1769, l'abbé Desbiey et son frère réussissent à fixer une dune à Saint-Julien-en-Born. En 1774, l'abbé lit devant l'Académie de Bordeaux ses « Recherches sur l'origine des sables de nos côtes, sur leurs funestes incursions vers l'intérieur des terres, et sur les moyens de les fixer, ou du moins d'en arrêter les progrès ».

 

On peut également citer, parmi les précurseurs, M. de Marbotin, seigneur de Lège qui suggéra en 1768 l'ensemencement des dunes pour stopper leur progression, ou encore M. Berran, paysan de Mimizan, qui tenta de fixer la dune d'Udos.