Mise en place à la fin du 19ème siècle, la défense des forêts contre l’incendie est organisée jusqu’à la seconde guerre mondiale par les associations syndicales de DFCI qui assurent seules la prévention mais aussi la lutte directe contre les feux de forêt avec des moyens souvent réduits en l’absence du corps de sapeurs-pompiers.
A Sanguinet, l’association de défense des forêts contre l’incendie a été mise ne place en mars 1941 en application des arrêtés préfectoraux n° 11 et 12 du 22 février 1941 faisant obligation aux communes disposant de plus de 300 hectares de forêt de constituer une association.
A l’issue de la réunion de constitution de l’association présidée par le Maire, Monsieur Charles Castets, un comité de direction composé de sept membres est élu. Il sera présidé par Monsieur Jean Dubos. Les moyens sont dérisoires : 9 pompes dont 4 à mains, 40 seaux, 60 arrosoirs, 3 pulvérisateurs Vermorel, 6 hachettes et 6 dails (faux).
Tous les hommes valides de 18 à 60 ans sont recensés par quartier. Sous peine de sanction, ils doivent, si besoin, participer à la lutte contre le feu. Sur le site des incendies, les liaisons se font à bicyclette ou à cheval.
Un quai de chargement est construit à côté du préau de l’école pour y stocker quatre barriques pleines d’eau qu’un muletier viendra prendre en cas de besoin.
Pour débroussailler les routes et les pistes, il est fait appel aux ouvriers Citroën du camp forestier installé, au lendemain de l’armistice à Lagnereau par le commissariat à la lutte contre le chômage.
L’ordonnance n°45-852 du 28 avril 1945, relative à la mise en valeur de la région des landes de Gascogne
Elle rend ces associations de DFCI obligatoires dans tout le périmètre des Landes de Gascogne.
En 1946, avec le concours des propriétaires et de tous les usagers de la forêt, des moyens financiers spécifiques sont mis en place (Caisse de Prévoyance des Landes de Gascogne, Fond Forestier National) qui permettront les travaux de prévention, d’aménagement et de cloisonnement de la forêt.
Suite aux grands incendies de 1947 et 1949 et devant l’ampleur des travaux de reconstitution des forêts (400 000 ha brûlés, 40 % de la surface du massif), les rôles sont désormais séparés ; les travaux de prévention et la mise en valeur du territoire relèvent de la compétence des associations de DFCI, la lutte active aux sapeurs-pompiers,
La DFCI acteur majeur de la prévention contre les incendies de forêt
Les propriétaires forestiers ont donc mis en place depuis plus de 70 ans une organisation unique en Europe en créant et en s’impliquant au quotidien dans plus de 210 associations syndicales autorisées (ASA de DFCI) avec pour missions la prévention et la mise en valeur du massif forestier. Ces associations locales sont regroupées en unions départementales, elles-mêmes chapeautées par une association régionale. L’ensemble est animé par 2500 propriétaires bénévoles et financé par les cotisations de 55 000 adhérents.
L’Association Régionale de Défense des Forêts Contre l’Incendie, plus communément appelée DFCI Aquitaine, participe à la prévention du risque feu de forêt et assure ainsi la préservation du milieu forestier à travers trois missions.
Les travaux d’infrastructures et les équipements
Ils représentent l’action de base de l’activité de prévention menée par les ASA et les DFCI départementales. Ils portent sur l’ensemble du massif dans une logique de cohérence et de continuité, quel que soit le statut des propriétés. Ils assurent l’efficacité opérationnelle nécessaire à la rapidité d’intervention et d’approvisionnement en eau pour la lutte active.
Les pistes DFCI
L’accès facilité aux massifs forestiers est un gage d’efficacité pour les moyens de lutte. L’arrivée rapide et sûre au plus près du sinistre ne peut
être garantie que par des pistes en nombre suffisant et correctement entretenues. Elles doivent déboucher sur un axe de circulation pour ne pas piéger les secours engagés. La création et l’entretien d’un vaste réseau de pistes permet de mailler les massifs. Elles ne sont pas des voies ouvertes à la circulation. Ce sont des voies spécialisées exclusivement réservées à la circulation des services chargés de la prévention et de la lutte contre les incendies de forêt, des propriétaires fonciers riverains et de leurs ayants-droit.
La signalétique à l'entrée d'une piste DFCI
Un réseau de voies DFCI est hiérarchisé pour permettre un accès rapide aux parcelles. On distingue ainsi trois niveaux : primaire et secondaire (réseau collectif), tertiaire (réseau parcellaire) :
L'aménagement hydraulique
Depuis 1947, les ASA de DFCI entretiennent tout un réseau particulièrement dense de cours d’eau et de fossés permettant d’assainir les pistes et de réguler le niveau de la nappe phréatique et l’évacuation de l’eau de ruissellement.
Dans les landes, les fossés créés sous le règne de Napoléon III sont dénommés « crastes ». Cet aménagement hydraulique a joué un rôle primordial dans la mise en valeur du massif forestier. Mais il est important pour la lutte contre les feux de printemps, période à risque élevé. En effet, en mars et avril, la végétation herbacée de l’année précédente est morte sur pied (fougère, molinie) et représente un combustible très inflammable. En sortie d’hiver, la nappe phréatique est haute et rend les terrains non portants, les véhicules de lutte peuvent s’y enliser.
Les points d’eau
Les poteaux d’incendie alimentés par des réseaux d’eau potable sont rares en forêt. Il est pourtant important de disposer d’importantes ressources en eau pour les opérations d’extinction. Des prises d’eau ont donc été aménagées sur les châteaux d’eau pour ravitailler les engins d’incendie. Des puits (forages à 20 m de profondeur) judicieusement répartis sur le massif forestier ont également été forés. Ils représentent environ 35 % des ressources en eau. Des réserves d’eau ont également été aménagées en bordure des routes forestières. Mais les points d’eau naturels comme le lac de Sanguinet sont essentiels dans le dispositif.
Un forage
Les dépôts de bois
Ils participent à la valorisation de l’exploitation forestière. L’objectif est de diminuer les distances de débardage pour réduire au maximum la détérioration des pistes forestières ainsi que les coûts d’exploitation forestière.
Le dépôt de bois à Méoule et son chemin d'accés, le long de la piste cyclable Sanguinet/Biscarrosse
Un exemple des travaux réalisés dans le cadre de
l’Ordonnance n° 45-852 du 28 avril 1945
relative à la mise en valeur de la région des landes de Gascogne :
la route de Sillac
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Etat, par ordonnance n°45-852 du 28 avril 1945, décidait des travaux d’intérêt général pour la mise en valeur des Landes de Gascogne.
La piste intercommunale n°267 dite route de Sillac a été aménagée dans ce cadre. Le massif forestier n’était alors desservi que par des chemins ruraux étroits, tortueux passant par Lagnereau. Le projet visait à créer une voie directe évitant les détours inutiles. Les chemins ruraux ont donc été redressés, élargis et prolongés par un tracé créé ex-nihilo sur le domaine privé.
Ainsi, par arrêté du ministre de l’agriculture du 21 août 1958, la création de cette piste a été déclarée d’utilité publique.
Dix-huit propriétaires étaient concernés par l’emprise du projet. Quinze ont consenti à céder leurs biens à l’Etat par la voie amiable. Les immeubles de trois d’entre eux ont dû être expropriés par ordonnance du juge de l’expropriation du 7 octobre 1959.
La réception des terrassements est intervenue les 5 juin et 9 novembre 1962 et celles des ouvrages d’art le 8 août 1963.
L’article 9 de l’ordonnance de 1945 prescrivait le transfert de propriété de l’emprise de la voie dans le domaine communal. La commune de Sanguinet tient donc son droit de propriété de l’effet translatif direct prévu dans l’ordonnance.
Pour autant, les terrains d’emprise sont restés longtemps au cadastre sur le compte de l’Etat, alors que la commune avait la charge de son entretien.
Cette situation étant aujourd’hui régularisée, cette voie intercommunale d’intérêt communautaire est passée sous la compétence de la Communauté de Communes des Grands Lacs.
La sensibilisation du public
La DFCI conçoit et diffuse des outils de communication et de sensibilisation à destination des différents publics
La prévention est l’affaire de tous. Il est donc primordial de rappeler les messages de vigilance, les conduites à tenir en forêt et les obligations règlementaires pour limiter ce risque permanent.
Concernant les bonnes pratiques, la DCI rappelle que les incinérations sont interdites tout au long de l’année sur l’ensemble des départements de l’Aquitaine et que des obligations de débroussaillement autour des habitations et des infrastructures à proximité des zones boisées concernent les propriétaires et gestionnaires.
Les innovations
La DFCI innove en s’appuyant sur des outils technologiques performants : cartographie, suivi des impacts de foudre, indicateurs météorologiques.
L’ASA DFCI de Sanguinet
L’Association Syndicale Agréée de DFCI de Sanguinet est administrée aujourd’hui par un conseil d’administration de huit titulaires et deux suppléants.
Impliqués pour construire et entretenir des pistes forestières et des points d’alimentation en eau indispensables aux pompiers, ces bénévoles font un travail de l’ombre. Ils sont 365 jours par an sur le terrain.
Ils assurent l’entretien de 47 km de pistes forestières sur les 136 kilomètres qui existent sur le territoire communal. Ils assurent également la gestion de 197 km de fossés et crastes, d’une réserve d’eau et de 19 puits forés d’une profondeur moyenne de 18 mètres. Quand un incendie se déclare, ils se mettent à la disposition du Commandant des opérations de secours pour lui apporter leur connaissance précise du terrain et des peuplements forestiers. Le feu déclaré éteint, ils prennent en charge sous la responsabilité du maire la surveillance des zones incendiées pour éviter les reprises de feu. Pour ce faire, ils disposent de moyens de surveillance. C’est ainsi que l’ASA de Sanguinet s’est doté depuis plusieurs années d’une citerne tractée de 5 000 litres.
Leur motivation et leur implication sont sans limite car elles reposent sur leur volonté de protéger la forêt, leur village, ses habitants, ses paysages, sa biodiversité.
Crédit photos Bernard Baraton